Pourquoi Tokyo ? Journal d'une aspirante Nipponne
Article
On parle aujourd’hui d’un livre qui n’est pas écrit par un(e) Japonais(e), mais par une Française qui aspire à y vivre : Pourquoi Tokyo ? Journal d’une aspirante Nipponne.
La petite histoire :
Ce livre est écrit par Agathe Parmentier et prend la forme d’un “journal de bord”. D’un point de vue temporel, il commence en 2014 et s’arrête en 2015. Il est publié le 11 février 2016 par les éditions Au Diable Vauvert et possède une version poche sorti le 25 janvier 2018 (ainsi qu’une version Kindle).
Parlons un peu de l’auteur. Agathe Parmentier, écrivant parfois sous le pseudonyme d’Ismène de Beauvoir, a fait des études de droit et de science politique. En 2013, elle écrit Contre-culture confiture, un document sur la génération Y, avant de partir à Tokyo d’où elle écrira des chroniques web sur son blog “Pourquoi Tokyo ? Pourquoi pas.” (http://pourquoitokyo.blogspot.com/) Elle sort en 2017 son premier roman : Calme comme une bombe (chez Au Diable Vauvert) et j’avoue que je me laisserais surement tenter un de ces jours.
Pour tous ceux que ça intéresse, elle continue d’écrire des articles sur son blog, dont des chroniques mangas et livres.
Je vais m’affranchir un peu de mes rubriques habituelles pour parler de cette œuvre un peu particulière. Je vous pris d’excuser d’avance mes titres un peu bancals.
Construction :
Si vous cherchez un roman racontant l’histoire d’une Française qui, dans une recherche incessante d’un endroit où elle aurait sa place, vagabonde autour de la planète jusqu’à atterrir au pays du soleil levant, passer votre chemin. Ce livre n’est pas un roman, mais une sorte de compilation de chroniques (vous pouvez en retrouver certaines sur http://pourquoitokyo.blogspot.com/) tenant souvent bien plus du journal intime que de l’article de presse ou du carnet d’explorateur.
Bref, ce livre n’est autre que le récit de la découverte d’un pays par Agatsu l’aspirante nipponne, le tout raconté par Agathe avec une vision assez française.
Contenu :
Difficile d’appeler cette rubrique “Scénario”, même si c’est bien l’idée ici. Agathe Parmentier, après avoir travaillé quelque temps dans différents pays, débarque à Tokyo avec l’idée d’y vivre au moins jusqu’à la fin de son visa “Vacance-Travail” (le visa le plus simple à obtenir et le moins cher) d’un an. En tant que Française ne parlant que le Français et l’Anglais, elle cherche à s’intégrer avant de comprendre que ce sera plus compliqué que ça. Dans un pays ultra codifié où la norme de bonne conduite est bien plus stricte qu’en France et la sécurité exemplaire, elle veut découvrir tout ce qui fait la vie des Japonais. Cybercafé, Akihabara, typhon, toilettes Japonaises, idoles, karaoké et j’en passe, nous abordons tous les sujets qui font du japon ce qu’il est et dont on remarque souvent l’omniprésence dans les anime et les manga.
Pour ce qui est du point de vue, nous sommes en présence d’une trentenaire qui semble avoir oublié de grandir. Bien qu’elle ne soit pas une otaku (et donc pas en mesure de saisir certains délires japonais comme ceux d’Akihabara), elle vit tout ce qui lui arrive avec la fraîcheur d’une adolescente sous une plume acérée à la Française.
Notre Tokyoïte nous présente le Japon sous un angle que l’on retrouve peu en France. Parfois émerveillée, parfois étonnée et souvent un peu critique, elle parle des aspects culturels et autres phénomènes illogiques qui l'ont intéressé. Si le phénomène des NEET ou des Otaku ne la branche pas particulièrement, elle semble plus intrigué par les toilettes, les sans-abris, les Love Hotel ou encore la mentalité ultra protégée des nippons. Preuve à l’appui, elle n’hésite pas à laisser son sac grand ouvert et à laisser trainer ses affaires dans les starbucks. C’est indéniable et c’est ce qu’elle finit par ressentir, le Japon est le temple de la sécurité. Si ce monde ultra-codifié lui demande une rigueur particulière pour ne pas tomber dans les multiples pièges du “Gaijin mal élevé”, Agathe le ressent de façon critique tout en donnant un sentiment de “mal pour un bien”.
Écriture :
Pour parler de l’écriture au sens strict du terme, il n’y a rien à dire. C’est fraie, vivant et très agréable à lire. J’ai personnellement dévoré ce livre. Les différentes chroniques ne faisant rarement plus de 5 ou 6 pages, on n’a pas la sensation de poids d’un article de 20/25 pages. En plus des références qui plairont aux fans de rock et au Otaku, on fini par se sentir proche de l’auteur et par voir ce livre comme une sorte de discussion. Après tout, Tokyo c’est loin et proche à la fois.
Point noir :
D’un point de vue purement personnel, il y a évidemment des éléments que j’ai moins apprécié, même si j’en comprends sans aucun problème l’origine. Si vous lisez ce livre et que vous êtes vous-même un(e) otaku, gardez à l’esprit qu’Agatsu est une moldu. Il ne faut donc pas particulièrement s’étonner qu’elle ait du mal à concevoir certains phénomènes tels le moe, le ecchi ou encore les otaku fans de séries qu’on considère en France “pour les enfants” (je parle notamment du phénomène Yokai Watch).
Si vous avez visité la page Amazon du livre, vous remarquerez que les critiques ne sont pas très bonnes. Je pense que beaucoup de ces gens cherchaient dans ce livre un produit née du mouvement Cool Japan ou un répertoire d’adresses sympathiques ou de monuments à visiter. Ce livre est très loin de présenter le Japon sous un aspect très touristique. Agathe se décrit elle-même comme quelqu’un qui ne s’intéresse pas particulièrement à l’architecture ou au paysage, contrairement à la nourriture et la vie sociale des Japonais. D’un point de vue strictement touristique, cette œuvre n’a pas d'intérêt. Mais si l’on se place d’un point de vue “vie sociale”, on retrouve dans ce livre une vision externe et souvent critique ou étonnée de la façon de vivre des nippons, rappelant le fond d’œuvres comme Majikoi, Psycho Pass ou encore Project Itoh Harmony.
Conclusion :
Malgré le fait que je ne sois pas toujours d’accord et que je sois conscient que ce type d’œuvre ne plaira pas à tout le monde, j’ai adoré ce livre.
Plus que le Japon et ses aspects les plus intrigants ou illogiques, on y découvre une auteure à mi-chemin entre une fin d’adolescence et un monde purement adulte et rangée.
A mon humble avis indispensable à ceux qui souhaitent partir au Japon pour une longue période de temps, ce livre est une mine de petites informations utiles qui vous permettront de ne pas passer pour des malotrues au pays du soleil levant. Je le conseil à ceux qui souhaite découvrir un nouvel aspect du Japon, voyageur ou non.
Date de dernière mise à jour : 20/10/2018
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